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Une prise d'armes à Rochefort en 1923

Voici une des premières prises d'armes du contre-amiral Violette, qui fut désigné préfet maritime de Rochefort le 24 mars 1923. La scène se déroule le dimanche 13 mai suivant ; une cérémonie était organisée dans le cadre de la fête nationale dédiée à Jeanne d'Arc.

La Marine entretenait encore dans la ville bordée par la Charente un petit arsenal, siège du 4e arrondissement maritime (des Sables-d'Olonne à la frontière espagnole), mais elle n'y construisait plus de bâtiments depuis la Première Guerre mondiale. Si seule une poignée de bâtiments y étaient encore basés, toutes les directions d'un arsenal – il fermerait en 1927–, un dépôt des équipages, des écoles de santé navale et d'administration (dont l'école des fourriers) et un hôpital maritime y étaient encore implantés. Pour Violette, cette affectation pouvait être considérée comme un "enterrement de première classe", alors qu'il aspirait à des postes plus prestigieux – ils viendraient ensuite – mais Rochefort avait pour l'heure conservé les attributs d'un port de guerre, comme les quatre autres métropolitains, et il en était le patron, tout comme le commandant d'armes pour le 3e régiment d'infanterie coloniale...

Violette présidait donc les cérémonies militaires se déroulant à Rochefort.

Sur cette photo, le préfet maritime vient de remettre la croix d'officier de la Légion d'honneur à un officier supérieur de corps assimilé (épée ; génie maritime, corps de santé ?) et la croix de chevalier à un ingénieur principal des directions de travaux ou à un officier principal d'administration, seuls corps qui, avec les contrôleurs, disposaient encore des pattes mobiles brodées, alors que les autres corps, considérés navigants, avaient droit au port des épaulettes. Tous les officiers de la Marine sont en "tenue provisoire de cérémonie", appellation retenue par l'arrêté du 11 septembre 1919, alors que l'on attendait des jours meilleurs pour décider du rétablissement ou non du port de l'habit brodé qui avait été suspendu le 7 décembre 1915 ; il serait malheureusement définitivement abandonné.

Le contre-amiral Violette porte quatre chevrons sur le haut de la manche gauche de sa redingote qui rendent compte de plus de deux ans et demi de présence en zone de guerre (il avait commandé la flottille des chalutiers de patrouille de la Méditerranée).

Sur le cliché ci-dessous, le préfet maritime, avant de décorer une dame, a remis des Médailles militaires à deux seconds maîtres, le plus proche étant encore en veston à double rangée de boutons du modèle 1890, tandis le second porte le veston à une seule rangée adopté le 10 janvier 1918 à marques de grade de dimension réduite. Ces "petits" galons avaient été adoptés par mesure d'économie le 18 mai 1917 et subsistèrent quelques années après la fin de la Première Guerre mondiale.

Ci-dessous, Violette s'entretient avec le sous-préfet de Rochefort dont l'uniforme paraît autrement plus joli, nonobstant la taille fine de l'intéressé. Préfets et sous-préfets avaient alors conservé la tunique croisée, le pantalon à bande or, la ceinture tricolore et le bicorne à plume ; ils conserveraient ces effets jusqu'en 1945. En 1923, pour les officiers de la marine, c'était encore la terne redingote à col fermé qui était de mise.

Merci à M. Daniel-Henri Vincent, auteur du livre L'amiral Violette. Un républicain dans la Royale, pour l'envoi de ces photographies.

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