Voici une photo issue du fonds de Gallica/BNF qu'il est intéressant de commenter. Elle nous présente plusieurs officiers de corps différents auxquels sont remis les insignes de différents grades de la Légion d'honneur. Elle se situe à une période charnière en matière d'uniformes, entre la fin des restrictions dues à la Première Guerre mondiale et la relative embellie des années 1930. Surtout, le 11 avril précédent, un décret a introduit la redingote à col ouvert, avec un délai de grâce pour se mettre en conformité.
Ces officiers sont ici revêtus de la tenue n°2, avec casquette et en principe ceinturon noir, sauf pour les officiers généraux. On note qu'à cette époque les décorations autres que les insignes de la Légion d'honneur peuvent être portées pour la remise de ces derniers. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
L'autorité remettant les décorations est le vive-amiral Henri Salaün, alors chef d'état-major général de la marine. Le portrait ci-dessous est dû à Charles Fouqueray.
Les récipiendaires sont de gauche à droite:
- Le commissaire général de 1re classe Eugène Alexandre Gigout (1861 – 1939), promu au grade de grand officier. Il porte encore la redingote à col fermé sur lequel des pattes en velours brodées rappellent le corps auquel il appartient. Son ceinturon porte-épée doit être en soie ponceau et or.
- Le contre-amiral Louis Antoine Pirot (1870 – 1964), promu à ce grade en décembre 1924. Il est alors chef du cabinet militaire du ministre de la marine, ce qui explique la présence de l'aiguillette à son épaule droite. Il reçoit la croix de commandeur. Cet amiral a déjà adopté le modèle de redingote à col ouvert ; sa proximité du ministre lui a sans aucun doute imposé de se mettre rapidement en conformité avec les prescriptions du nouveau décret sur l'uniforme.
- Un probable contrôleur de la marine, promu officier de la Légion d'honneur. En effet, les parements de manche paraissent en drap bleu foncé et l'utilisation de l'épée ne laisse guère de doute sur son corps d'appartenance. C'est sans doute un ancien officier de corps navigant, car il se distingue par ses chevrons de présence pendant la Guerre et une croix de guerre avec deux palmes !
- Un lieutenant de vaisseau pilote de l'aéronautique navale, décoré de la croix d'officier.
- Un officier de corps assimilé d'un grade équivalent à capitaine de frégate, doté de l'épée. Il ne s'agit donc pas d'un officier mécanicien, mais il est difficile d'en dire plus avec une photo en noir et blanc. Cet officier dénote avec son ceinturon bleu et or, alors que tous les autres, qui ne sont pas généraux, portent le ceinturon en poil de chèvre noir. La seule explication possible, comme un de ses camarades derrière, mais qui, lui, paraît porter l'aiguillette, est soit son appartenance à l'état-major particulier du ministre, soit sa fonction d'attaché naval (il serait alors de passage à Paris). Mais pourquoi ne porte-il pas l'aiguillette?
- Un autre officier de grade équivalent;
- Un officier principal des équipages, reconnaissable à la patte de drap avec trois boutons qui recouvre ses deux galons inférieurs. Il est naturellement armé du sabre.
Ces informations sur les uniformes figurent dans notre premier ouvrage paru en 2011.
Jusqu'au départ de la marine du 2 rue Royale, ce type de cérémonie avait lieu une à deux fois par an ; elle était présidée par le chef d'état-major de la marine. Bien des souvenirs...
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