Charles-Henri Ver Huell est né à Doetichem (Pays-Bas) en 1764. En 1779, il est admis en qualité de garde dans la marine hollandaise. Dès son plus jeune âge, il participe à des combats contre la Royal Navy, en particulier au Doggers-Bank le 5 août 1781, sous les ordres du contre-amiral Zoutmann ; il est alors sous-lieutenant de marine. Blessé au cours de l'action à laquelle il prend une belle part, il est rapidement promu lieutenant de vaisseau. Suivent des campagnes en Méditerranée, sur les côtes d'Afrique, en mer du Nord et en mer Baltique. En 1786, il est promu major premier lieutenant de vaisseau.
Son premier commandement, une corvette, intervient en 1791. Alors capitaine de frégate, il croise dans les Antilles. Il prend ensuite le commandement d'une corvette de plus grande taille.
En 1795, lorsque la révolution de la Hollande éclate, il est capitaine de vaisseau. Comme nombre d'officiers de la marine, il se retire du service. En 1803, le gouvernement de la République batave lui propose de reprendre du service avec le grade de contre-amiral.
Après la rupture de la paix d'Amiens entre la France et l'Angleterre, le gouvernement sous influence française doit fournir un contingent de bâtiments destinés à porter en Angleterre les forces d'invasion. Au début de 1805, Ver Huell les rassemble à Flessingue puis les conduit à Ostende pour y embarquer le corps de Davout. Les transits vers Ostende qu'il dirige successivement sont émaillés de combats contre les croisières anglaises, qui se poursuivent une fois arrivé à destination. Au cours d'une sortie d'Ostende en mai, à la tête d'une division composée de dix-neuf chaloupes canonnières, de quarante-sept bateaux canonniers et de deux prames, il s'illustre tout particulièrement par sa fougue et son courage qui lui valent sa promotion comme vice-amiral (rang du 11 juin 1804). Il est également reçu dans l'Ordre impérial de la Légion d'honneur, au grade d'officier, lors de la deuxième cérémonie de remise des décorations, mais la première au camp de Boulogne.
En 1805, il est nommé ministre de la marine de Hollande, poste qu'il ne prend que lorsque l'Empereur renonce à l'Angleterre, forcé de se tourner vers l'Est. En attendant, commandant en chef de l'aile droite de la flotte d'invasion, avec ordre de rassembler ses bâtiments à Ambleteuse. Il y parvient en juillet après une traversée fortement contrariée par les Anglais. Son succès le couvre de gloire.
En 1806, il est promu Grand Aigle de la Légion d'honneur et décoré par l'Empereur. Louis Bonaparte, devenu roi de Hollande, en fait un maréchal et le décore de la Grand' Croix de l'ordre de l'Union nouvellement créé.
Il reprend les opérations contre les Anglais lors de leur descente dans l'île de Walcheren en 1809 et contrecarre leur plan.
Au moment de la réunion de la Hollande à la France en 1810, il prend rang avec son grade au sein de la marine impériale et est nommé au commandement des forces navales réunies en mer du Nord et en Baltique, de l'Ems jusqu'à Dantzig. Grand officier de l'Empire en 1812, il est nommé inspecteur général des côtes de la mer du Nord et au commandement de l'armée navale du Helder, du Texel et du Zuyderzee.
Lors des événements de 1813, lorsqu'une insurrection éclate en Hollande et que les armées alliées envahissent le pays, il regroupe les équipages français et se retranche au Helder où la flotte est rassemblée, en occupant les forts La Salle et Morland. Il ne les quitte qu'en mai 1814 sur ordre de S.A.R. Monsieur, alors lieutenant général du Royaume de France. Les bâtiments de guerre sont alors remis aux représentants du prince souverain de Hollande.
Pour les services rendus à la France, Louis XVIII le maintient dans la marine française et le nomme chevalier du Mérite militaire en le naturalisant. S'installant en France, Ver Huell est admis à la retraite à 52 ans. Il est fait Pair de France en 1819. Il meurt à Paris en 1845.
L'estampe ci-dessous est issue de la collection de la BNF. Ver Huell y est représenté en contre-amiral de la marine batave, dans un uniforme peut-être fantaisiste qui s'inspire du règlement français de thermidor an VI, mais s'en écarte cependant de manière notable.
Meilleure est la représentation, ci-dessous à gauche, due à Maurin et exécutée en 1837 pour le livre de M. Hennequin, Biographie maritime ou notice historiques sur la vie et les campagnes de marins célèbres français et étrangers, publié la même année. Ver Huell y est dessiné en vice-amiral français dans le grand uniforme de vendémiaire an XII.
Au centre ci-dessous, figure le portrait de Ver Huell en 1805 peint par Sicard. Il est alors vice-amiral de la flotte batave. Son uniforme présente de curieuses broderies ondulées qui rappellent celles des officiers généraux français de 1786.
A droite, l'amiral est représenté en Pair de France par Bouchet. Il arbore ses insignes de Grand' Croix de la Légion d'honneur, de chevalier du Mérite militaire (qui remplace l'Ordre de Saint-Louis pour les officiers qui ne sont pas de confession catholique – Ver Huell est protestant), et d'une décoration que nous ne sommes pas parvenus à identifier (les amateurs de phaléristique nous viendront en aide).
Son neveu Quirin Rudolphe Maurice Ver Huell est également officier de marine, d'abord dans la marine batave, puis en 1810 dans la marine impériale. Il est promu capitaine de frégate le 3 juillet 1811. Contrairement à son oncle, Quirin ne reste pas loyal à la France à la fin de 1813. Il termine sa carrière comme contre-amiral de la marine hollandaise.
Il est représenté ci-dessous par un peintre anonyme, alors capitaine de frégate "français" en grand uniforme de prairial an XII. Les broderies y sont conformes, mais ni les épaulettes, sur lesquelles on ne distingue pas l'ancre, ni les boutons...
Pour plus d'informations sur les uniformes de cette période, il faut se reporter à notre ouvrage Les marins français. 1789 – 1830. Etude du corps social et de ses uniformes. https://www.marins-traditions.fr/les-marins-francais-1789-1830-etude-du-corps-social-et-de-ses-uniformes
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