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Les marins aéronautes du siège de Paris et de l'armée de la Loire

Au cours de la guerre de 1870-71, les marins combattirent en mer (assez peu, bien qu'ils naviguèrent beaucoup...), à terre (armées de la Loire, armée du Nord, armée de l'Est et division des marins détachés de Paris) et dans les airs (siège de Paris et 2e armée de la Loire).

C'est cet aspect de la guerre franco-allemande, et particulièrement à Paris, que nous voulons évoquer grâce à ce billet. Nous nous appuyons sur ce tableau qui représente le départ de Gambetta de la capitale le 7 octobre 1870, peint par Guiaud et Didier, et appartenant aux collections des Musées de la ville de Paris. Ce ne fut pas un marin qui emmena le ministre de l'Intérieur, et de fait de la Guerre, vers la Province pour y organiser la poursuite de la lutte contre l'envahisseur, car les marins n'avaient pas encore été instruits au pilotage de ces ballons à gaz (ce n'étaient pas des mongolfières, donc pour contrôler l'altitude de l'engin il fallait soit larguer du lest, soit ouvrir la soupape) – les premiers vols furent réalisés par des spécialistes de l'aérostation bloqués à Paris, qui était encerclé depuis le 19 septembre. Pourtant, des marins figurent bien sur ce tableau, car avant même de les monter ils participèrent à la préparation des ballons et les maintenaient au sol après leur gonflage.

En plus de ce tableau, nous disposons de la gravure ci-dessous parue dans La guerre illustrée. Elle évoque la même scène.

Mais pourquoi diable des marins furent-ils employés au service des ballons après le départs des premiers aéronautes civils chevronnés ? Parce qu'ici il ne fallait pas craindre le vide et l’altitude, surtout si une montée dans les cordages s’avérait nécessaire pour débloquer une soupape par exemple. "Les huniers sont un peu hauts", disait l’un d’eux à son amiral qui le regardait partir, "et l’on n’y peut guère prendre de ris. C’est égal, avec cette machine on navigue tout de même, et avec l’aide de Dieu on arrive." Attrait de l'aventure et esprit de sacrifice... Voilà bien ce qui devait animer ces marins.

Ceux que l'on voit sur le tableau ci-dessus et la gravure ci-dessous se repèrent par leur large col bleu et leur bonnet à houppette. Ils sont armés du fusil Chassepot et de sa baïonnette.

Le vol en ballon était particulièrement risqué du fait d'une part d'une certaine méconnaissance de l'aérologie en altitude (vers où le ballon allait-t-il être emporté ?) et d'autre part d'un possible mauvais contrôle de l'altitude qui pouvait faire subir les tirs des assiégeants lors du franchissement de leurs lignes. Pour minimiser ce risque, à partir du 18 novembre, tous les départs eurent lieu un peu avant minuit, avec pour conséquence de rendre délicate la perception de la direction prise par l'engin. Un ballon atterrit en Norvège, d'autres en Hollande ou en Belgique... D'autres se retrouvèrent dans le Nord-Est de la France qui était occupé ; un, enfin, se perdit en mer en ne se rendant pas compte de sa vitesse de transit vers l'Ouest.

Il y eut 29 vols pilotés par des marins, sur un total de 66. Tous réussirent leur mission, c'est à dire transmettre les dépêches microfilmées en province pour tenter de coordonner les efforts de désencerclement de la capitale, sauf le matelot Prince, détaché du fort de Montrouge, qui décolla le 28 novembre et se perdit sur l'océan Atlantique.

Les illustrateurs de l'époque rendirent hommage à la vaillance de ces marins et imaginèrent la prière de ces casse-cou.

Certains marins de Paris parvinrent à rejoindre l'armée de la Loire. L'intention était ici de mettre en oeuvre des ballons captifs pour observer les mouvements de l'ennemi, comme lors des batailles de Fleurus en 1794 et de Solférino en 1859.

Les marins et d'autres aéronautes de l'armée de la Loire furent représentés ci-dessous par Hilpert en 1947. Sur cette planche du Passepoil, on distingue un matelot de 1re classe (au ruban de bonnet à bout flottant qui n'était pas encore réglementaire) et un quartier-maître qui a revêtu une peau de mouton pour résister au froid. Les personnages à gauche sont des aérostiers civils à l'origine, qui ont été enrôlés dans l'armée pour éviter leur exécution en cas de capture par les Allemands. Il ne s'agit pas de lieutenants de vaisseau, même si leur uniforme s'approchait beaucoup de l'uniforme de ces derniers. Ils reçurent un uniforme proche de celui de la marine mais avec trois galons argent et une ancre brodée de casquette penchée.

Les exploits de ces marins aéronautes seront prochainement à découvrir dans notre quatrième ouvrage consacré à la Marine et aux marins dans la guerre de 1870.

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