Ce tableau, propriété du Musée national de la Marine, est dû au peintre Julien Le Blant. "Le dîner de l’équipage" a été présenté au Salon de 1884 ; il fait partie de ces tableaux par lesquels les artistes de la fin du XIXe siècle ont tenté de rendre compte de la vie quotidienne des marins embarqués à bord des bâtiments de la marine militaire française. A cette époque, il ne s'agit plus de présenter par la peinture les grands ports de France ou les grandes batailles navales, mais de traiter de manière plus intimiste, ou technique parfois, la vie des marins français. Par son style, Le Blant rejoint des peintres plus prolifiques que lui sur des sujets maritimes, comme Bourgain et Jazet.
Ce tableau montre les conditions d'existence, à bord des bâtiments de 1er rang, des matelots et quartiers-maîtres à la fin du XIXe siècle. Comme dans l'ancienne marine, en dépit des évolutions de l'artillerie, les repas sont pris dans la batterie accueillant l'artillerie principale (24 ou 27 cm), lieu qui sert également de dortoir où l'on pend les hamacs. Comme les couchages, le mobilier est amovible, ce qui permet de faire place nette pour le combat.
Nos marins sont parfaitement représentés par l'artiste. Ils sont vêtus de diverses tenues, plus ou moins décontractées, définies en 1878. La majeure partie d'entre eux porte les vêtements en toile rousse, sous lesquels il y a, ou pas, la chemise en molleton bleu et le pantalon de drap bleu. Dans tous les cas, les marins portent la chemise en coton tricoté (le "tricot rayé"). Le lavage du pont juste avant le repas justifie sans doute les pieds nus, bas de pantalon relevés et le seul rayé pour l'un d'entre eux.
Certains y associent la chemise dont seul le col bleu est visible, à moins qu'ils aient acquis un col bleu amovible non réglementaire, mais, en tenue de travail, cette chemise n'est pas obligatoire. L'un des marins, de dos, est en grande tenue, avec chemise en molleton visible.
Comme jusqu'après la Deuxième Guerre mondiale, les marins gardent leur coiffure vissée sur la tête, y compris à l'intérieur. Le bonnet arbore le ruban légendé qui est à bouts flottants jusqu'en 1891.
Voici une autre représentation des marins de cette époque, dans diverses tenues, notamment celle adoptée aux corvées. Ce dessin est de Kauffmann, paru dans un numéro des Cahiers d'enseignement illustrés.
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