Un récent déplacement dans les Vosges nous a permis un passage par Domrémy-la-Pucelle. Après la visite de la maison natale de Jeanne d'Arc, nous nous sommes rendus à la basilique mineure du Bois Chenu, non loin du centre du village, et dédiée à Jeanne.
Nous ne reviendrons pas sur les péripéties de la construction de ce magnifique édifice, finalement pas si ancien (consécration de l'édifice en 1926) mais qui se distingue par la richesse de sa décoration liée à l'épopée de cette jeune Lorraine, canonisée en 1920 et proclamée sainte patronne secondaire de la France en 1922.
Ce qui a retenu particulièrement notre attention est sa crypte dédiée à Notre-Dame des Armées, plus ancienne que le reste de l'édifice et décorée en 1897. On y trouve là deux grandes peintures dues à l'artiste vosgien Alphonse Monchablon rappelant le sacrifice des deux armées au cours de la guerre franco-prussienne de 1870-71, alors encore très présente dans les mémoires.
A gauche de l'entrée figure une toile consacrée à la marine, non aux seuls marins, mais aussi aux marsouins et bigors qui relevaient encore du ministère. Sont côte à côte deux morts, un matelot et un soldat de l'infanterie de marine. La présence d'un matelot est ici très appropriée, car, contrairement à la mémoire collective qui n'a retenu de l'action du ministère de la marine dans ce conflit que l'épisode de "La dernière cartouche" de Bazeilles et, peut-être, la contribution des matelots de toutes spécialités – pas que des fusiliers – à la défense de Paris, les marins, en plus des fantassins et des artilleurs du ministère, ont significativement contribué à la défense du territoire national. Leur participation a même été particulièrement remarquée au sein des armées de la Loire et de l'armée du Nord.
Notre prochain ouvrage évoquera l'action des marins sur mer, sur terre et dans les airs au cours de la guerre de 1870. Rappelons que la marine a fourni à la Défense nationale (hors flotte et colonies) plus de 28 000 marins et 550 officiers, sans compter les 5 000 artilleurs de marine et plus de 23 000 hommes de l'infanterie de marine.
L'ouvrage de Bernard Mugnier consacré à la basilique précise que sont ici présents l'amiral comte de la Jaille et le père Joseph, ancien aumônier militaire et fondateur de l'Oeuvre des Tombes et des Prières pour les soldats morts, ainsi que le baron de Ravinel, représenté en lieutenant de vaisseau (d'après les épaulettes arborées, les manches ne comportant bizarrement aucun galon) alors qu'aucune source ne confirme son engagement dans la marine (peut-être est-ce là la raison de l'absence des galons). En revanche, Édouard de La Jaille a bien intégré l'École navale en 1852 et a eu une belle carrière militaire jusqu'au grade de vice-amiral en 1891. Pendant la guerre franco-prussienne, il a fait partie du 21e corps de l'armée de la Loire. Il figure ici en tenue n°3 telle que définie en 1891. En plus des trois étoiles au bas de ses manches, son ceinturon porte-épée ponceau (rouge) et or est bien caractéristique du grade. De La Jaille est représenté ici avec les insignes de Grand Officier de la Légion d'honneur, donc entre 1894 et 1900, année où il sera élevé à la dignité de Grand Croix.
De l'autre côté de la crypte figure une toile évoquant le sacrifice des soldats de l'armée que nous ne commenterons pas.
Ce lieu est propice au recueillement. De nos jours y sont régulièrement célébrées des messes pour les soldats morts pour la France. Les photos et biographies des soldats morts en opérations extérieures au cours de l'année passée sont affichées et tenues à jour. C'est également le cas des membres disparus des forces de l'ordre.
Nous conseillons la visite de cette crypte et du reste de la basilique.
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