La gendarmerie maritime en 1946

Voici des photographies qui m'ont été aimablement communiquées par M. Christophe Rochet. Le cliché ci-dessous, pris en 1946, présente plusieurs tenues différentes de la gendarmerie maritime. On peut en observer globalement trois, diversité sans doute liée à une pénurie vestimentaire, mais aussi aux évolutions que connut la gendarmerie maritime au cours du conflit qui vient de s'achever.

L'histoire de cette gendarmerie spécialisée est assez complexe, cette dernière basculant plusieurs fois au cours de son histoire entre la Guerre et la Marine. A partir de 1970, elle s'ancra définitivement à la Gendarmerie nationale en tant que gendarmerie spécialisée.

Au-delà de ces mouvements qui purent être accompagnés par des évolutions de l'uniforme, il y eut surtout le 26 janvier 1941, la création de la gendarmerie maritime légère, une subdivision particulière de la gendarmerie maritime en zone non occupée et en Afrique du Nord, la gendarmerie maritime initiale devenant "sédentaire". En 1943, les Allemands acceptèrent l'envoi de pelotons de la "légère" dans les ports de la zone occupée de 1940, la France l'étant désormais intégralement.

Les gendarmes de la "légère" étaient majoritairement issus du corps des équipages de la flotte qu’il fallait recycler, l'armistice de 1940 imposant une diminution des effectifs de la Marine. La création de cette subdivision permit d'abuser l’occupant et de maintenir parés quelques effectifs en cas de reprise des hostilités. Les gendarmes de la "légère" étaient affectés plus spécialement aux gardes, patrouilles et missions de maintien de l’ordre à terre et dans les eaux territoriales. Ils reçurent un uniforme assez proche de celui des marins (casquette et galons en particulier), alors que les gendarmes sédentaires de la maritime conservèrent l’uniforme de la gendarmerie départementale avec quelques particularité adoptées en 1936 permettant de les distinguer (ancre au képi, au collet et sur les boutons). La création de la gendarmerie maritime légère permit le quadruplement de l’effectif de la gendarmerie maritime.

A la fin de la guerre, le 14 janvier 1945, la libération étant quasi-achevée, les anciens marins qui avaient été transformés en gendarmes maritimes pendant la guerre furent globalement réintégrés dans le corps des équipages de la flotte, les autres gendarmes de la légère furent regroupés en sections motorisées. Et en mai 1947 s'opéra la fin de la distinction entre maritime sédentaire et maritime légère.

Sur cette photo, nous pouvons observer des gendarmes maritimes :

• dans une tenue proche de celle définie en 1936 (gendarme en haut à droite) : tenue de la gendarmerie départementale, avec veston boutonnant jusqu'en haut, et képi à l'ancre (dessin de Babu ci-dessous à gauche). Il existe toutefois une différence avec un galon à chevron sur écusson de bras ;

• dans la tenue définie en février 1941 : pantalon et veste bleue à coupe droite et à col spécifique orné de l'ancre non câblée sur laquelle est placée une grenade, le tout en or ; casquette marine avec un écusson reprenant ce dernier motif entouré de deux palmes ; ceinturon en cuir fauve fermé par une boucle circulaire (ancre surchargée d'une grenade sur un fond sablé ; photo ci-dessous au centre) ;

• dans la tenue adoptée en avril 1945 (gendarme en haut à gauche) : tenue adoptée par la gendarmerie nationale (départementale) avec veston à col ouvert, mais distinguée par les ancres argent ;

• dans la tenue de la gendarmerie départementale adoptée pour la maritime en avril 1945 (galons en chevrons sur le haut de la manche gauche, puis, pour les sous-officiers supérieurs et les officiers, sur les pattes d'épaule cousues sur le veston), à l'exception du port de la casquette marine à écusson spécifique (photo ci-dessous à droite), alors que la circulaire d'août 1945 définit explicitement le képi comme coiffure, et non la casquette !

Nous imaginons qu'un texte réglementaire substitua effectivement le képi à la casquette dans les années 1946-1947, car dans la liste des effets des gendarmes maritimes de l'instruction du 19 mai 1947 figurent deux casquettes et aucun képi, mais nous n'avons pas trouvé ce texte. Si des lecteurs en ont connaissance, ils voudront bien le partager...