Après un tour du monde en solitaire commencé le 25 avril 1923 à partir de Cannes, Alain Gerbault arrive à la barre de son voilier, le Firecrest, le 26 juillet 1929. Il a pris son temps, mais son périple lui vaut une immense célébrité, car c'est le premier du genre.
Il faut dire que son bateau n'était guère adapté à une si longue traversée ; lui non plus, d'ailleurs – il fut longtemps considéré comme un amateur, ayant surtout su faire parler de lui par ses livres, notamment Seul, à travers l'Atlantique, suivi de A la poursuite du soleil (de New-York à Tahiti) et de Sur la route du retour (de Tahiti vers la France), mais aussi L'évangile du soleil, et les médias de l'époque.
Ingénieur des Ponts et Chaussées, joueur de tennis de première série (il disputa Rolland Garros), il fut pilote d'avion pendant la Première Guerre mondiale au sein de l'escadrille des Renards ; il y acquit deux citations (Croix de guerre avec une palme et une étoile de vermeil). En 1921, il décide de changer de vie et achète un vieux voilier de course dont le gréement n'est initialement pas adapté à la navigation en solitaire. Son rêve : rallier les îles du Pacifique, la Polynésie dont il va tomber amoureux. Il a 30 ans quand il s'élance de Méditerranée pour la première traversée de l'Atlantique d'Est en Ouest, après une escale à Gibraltar.
Arrivé à New-York après 101 jours de navigation, il y acquiert une certaine célébrité et reste aux Etats-Unis jusqu'en 1924. Il s'élance alors vers les Bermudes, Panama, les Galapagos, les Gambier, les Marquises, les Tuamotu, Tahiti, les Samoa, les Wallis, les Fidji, les Nouvelles-Hébrides, la Réunion, le Cap, Sainte-Hélène, les îles du Cap-Vert, les Açores... Il séjourne longuement dans les îles du Pacifique. Il en tire le récit et essai L'évangile du soleil.
Il rallie Le Havre en juillet 1929, en glorieux aventurier très attendu par une foule nombreuse. Il y est accueilli par le capitaine de vaisseau Nivet, commandant de la marine au Havre.
Avant même son arrivée, le ministre Georges Leygues a émis une proposition de promotion d'Alain Gerbault pour le grade d'officier de la Légion d'honneur.
Gerbault est décoré le 2 août 1929, à bord du torpilleur Adroit.
On reste surpris par le décalage entre la solennité de la cérémonie de remise de décoration et la tenue des marins militaires d'une part (tenue n°2 avec redingote, casquette et arme), et la tenue d'Alain Gerbault d'autre part, qui semble par ailleurs très éprouvé physiquement. Devant une section d'honneur qui présente les armes, le navigateur paraît pour le moins "débraillé"...
Participe à cette cérémonie, outre l'équipage de l'Adroit et le capitaine de vaisseau Nivet, un officier général de marine (pattes de col et bandeau de casquette brodé), dont nous ne sommes pas parvenus à identifier le corps.
A la fin de la cérémonie, Gerbault quitte le bâtiment : "Sur le bord"... une marque de respect et un honneur dus aux membres de la Légion d'honneur qui montent à bord ou le quittent en portant leur décoration.
Nous le retrouverons à Paris dans un futur post.
Photos : Source Gallica / BNF et base Léonore
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