Cette peinture de Paul Pompon appartient à la collection du Musée national de la Marine (2000.15.1).
Les visites de la population ou des membres de la famille devaient être rares à cette époque. Comme aujourd'hui, elles étaient l'occasion pour les membres de l'équipage de présenter à leurs familles, avec une légitime fierté, les installations du bâtiments. Ici, la pièce d'artillerie de 24 cm en impose...
Nul doute que ces parents, sans doute en admiration devant leur fils matelot, ne venaient pas de bien loin pour visiter la frégate cuirassée sur laquelle ce dernier était embarqué. A cette époque, une part importante des matelots provenait de l'inscription maritime, des professionnels de la mer qui devaient à l'Etat quelques années de leur jeunesse, voire davantage en cas de guerre, en contrepartie d'une relative protection sociale pour eux et leur famille par le biais de la Caisse des Invalides de la marine. Les parents de ce matelot habitaient probablement dans les alentours du port base de cette frégate.
Notre matelot reçoit ses parents en tenue de travail telle que définie en 1876. Les effets bleus sont portés recouverts des effets de toile rousse, vareuse et pantalon, la vareuse étant dans le pantalon. Lorsqu'il fait chaud, ces effets peuvent être portés seuls, avec simplement la chemise en coton tricoté et la chemise blanche au col bleu (ou le seul col bleu, qui n'est pas encore amovible, mais peut être acheté dans le civil). On note la présence de la cravate noire retenue par deux liettes blanches. Le ruban légendé de son bonnet semble à bouts flottants, alors que ce n'est pas le cas de ses camarades, de dos. Rappelons que ce n'est réglementaire que jusqu'en 1891. Or ce tableau aurait été peint en 1893...
Nous remarquons l'armement individuel alors en dotation à bord : aux rateliers fusils Kropatschek, revolvers 1873 et sabre de bord 1833.
Cette peinture rappelle d'autres oeuvres d'artistes, comme Gustave Bourgain, qui ont essayé de rendre compte de la vie des marins militaires de cette époque, alors que jusqu'à présent les artistes s'étaient surtout attachés à représenter, sur commande, des scènes des grands combats menés par la marine française.
Voici en particulier le tableau dénommé "Pièce de 27 dans le réduit d'un cuirassé type Colbert vers 1885" du MnM (9 0A 50) qui présente une précision remarquable.
댓글