Voici une magnifique photo issue de la collection Brown, transmise par notre ami et confrère de La Sabretache Yves Martin.
On y voit un canon de marine de fort calibre, probablement de 19 cm, protégeant la capitale et servi par des marins canonniers commandés par un lieutenant de vaisseau.
La perspective d'un grand combat naval contre la marine de la Confédération de l'Allemagne du Nord s'éloignant, puisque la petite escadre prussienne s'est réfugiée à Wilhelmshaven, la marine désarme certains de ses bâtiments et puise dans ses parcs d'artillerie. Pour les forts de Paris, elle va fournir 1 canon de 24 cm (transféré du polygone de tir de Vincennes au fort du Mont Valérien, portée pratique de 8000 m), 23 canons de 19 cm (portée de 7000 m), 183 canons de 16 cm (portée pratique de 6500 m). Chaque pièce est approvisionnée à 250 coups.
L'officier au premier plan est semble-t-il un capitaine de frégate, non que l'on parvienne à compter ses galons, mais l'agrandissement laisse apparaître des galons de deux couleurs différentes.
Il faut rappeler ici que jusqu'en 1876 les deux galons d'officier supérieur des capitaines de vaisseau et de frégate (pas de capitaines de corvette alors) ne sont pas séparés des trois premiers galons ; les galons sont uniformément répartis sur les parements ; à l'époque, ils sont par ailleurs cousus très bas sur la manche. Ce capitaine de frégate porte la redingote de 1848, dont la coupe croisée et à col ouvert comporte souvent des variantes à deux fois trois ou quatre boutons, au lieu de deux fois cinq. Si sa chemise n'est pas visible, c'est qu'il porte le gilet bleu dont il existe plusieurs modèles, ici boutonnant jusqu'en haut, à l'instar du capitaine de frégate ci-contre. Peut s'y ajouter un cache-nez bleu.
Il est chaussé de bottes, nullement réglementaires, mais nécessaires à terre par temps froid, et l'hiver 1870-71 l'a été !
Les matelots servant la pièce sont en petite tenue, avec caban et bonnet. Ce dernier ne comporte pas de ruban légendé avant 1873.
Pour la défense de Paris (forts et flottille de la Seine), la marine a fourni 8 600 marins venant de Cherbourg, Brest, Rochefort et Toulon (nous ne comptons pas dans ce total les soldats de l'infanterie de marine des différents ports et ceux de l'artillerie de marine venant de Lorient).
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