Au cours des deux guerres mondiales, la France eut recours à la réquisition de navires pour compléter sa flotte de transport et de guerre.
En 1914, tout navire de commerce français pouvait en effet être réquisitionné par l'autorité militaire en vertu d'un décret du 31 juillet, pris en application de la loi du 3 juillet 1877 sur les réquisitions de l'autorité militaire. Les navires étaient alors classés en quatre catégories : paquebots réquisitionnés pour servir de croiseurs ou d'éclaireurs auxiliaires de la flotte militaire ; navires réquisitionnés pour servir de bâtiments-hôpitaux militaires ; navires réquisitionnés pour être affectés au dragage et à l'arraisonnement ; navires réquisitionnés pour servir de transports de combustible ou de matériel (charbonniers, pétroliers, ravitailleurs) ou de remorqueurs auxiliaires. Les navires des première et troisième catégories étaient en principe militarisés. Ils reçurent un armement d'autodéfense, voire plus, que des marins militaires eurent à mettre en oeuvre.
Voici une première photo datant de 1916. Elle nous montre l'armement contre les sous-marins installé sur la passerelle arrière de l'Eugène Pereire, paquebot de la Compagnie Générale Transatlantique lancé en 1888, affecté au transport du courrier entre Marseille et Bizerte. Il s'agissait de deux canons, l'un de 37 mm au deuxième plan, l'autre de calibre plus important au premier plan (un lecteur saura-t-il nous dire le calibre ?).
Le Pereire avait été construit aux Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire à Penhoat en 1888. Durant la guerre, il transporta en particulier vers la Tunisie des prisonniers allemands provenant des combats d'Artois et de Champagne.
Un dispositif analogue fut adopté en septembre 1939.
Ainsi que cela avait été réalisé lors de la Première Guerre mondiale, certains navires reçurent des armes au titre de l'Armement militaire des bâtiments de commerce (AMBC) : canons de 37 mm, de 75 mm contre avions et de 90 mm, mitrailleuses, grenadeurs qui furent installés dans différents ports (notamment Bordeaux, Brest, Cherbourg, Lorient, Rochefort, Toulon).
Certains grands paquebots, plus particulièrement destinés à être armés en croiseurs auxiliaires/transports de troupes pour la campagne de Norvège, furent dotés de canons d'un calibre supérieur au 90 mm.
La photo ci-dessous montre la transformation du paquebot Djenné en croiseur auxiliaire avec la mise en place d'un affût bitubes de 37 mm contre avions. Le Djenné participerait à la campagne de Norvège.
Des marins canonniers embarquèrent pour servir les pièces d'armement de l'AMBC à bord de tous les navires de commerce armés. Les deux clichés suivants nous montrent ainsi les canonniers servant une pièce de 90 mm sur une plateforme à bord du cargo réquisitionné Yang Tsé en 1939 ou au début de 1940.
Lancé en août 1914 par le chantier Howaldtswerke à Kiel, sous le nom de Remscheid pour la Norddeutscher Lloyd, le Yang Tsé était entré en service le 9 avril 1915. Il avait été remis au titre de réparations de guerre par l'Allemagne en 1920 à la compagnie des Messageries Maritimes. Baptisé ainsi, il avait assuré la liaison entre les ports d'Europe et d'Extrême-Orient entre les deux guerres.
Le Yang Tsé fut pris par les allemands à Bordeaux le 8 septembre 1940 et fut renommé Marko Brunner.
Nous n'avons pu déterminer si des rubans légendés avaient été créés aux noms des navires sur lesquels des quartiers-maîtres et matelots canonniers embarquèrent... Sur le Yang Tsé, ce n'était manifestement pas le nom de ce navire, bien que la photo ci-dessous, qui est de définition insuffisante, ne permette pas de lire la légende du bonnet du marin de gauche.
Un spécialiste pourra-t-il nous éclairer sur la légende du ruban de ces marins ?
Photos ECPAD
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